A vivre dans une société où tout va toujours plus vite, où l’on est lobotomisé, exhorté à consommer (tout et n’importe quoi, en quantité plus que nécessaire), on en arrive trop souvent à concevoir le bonheur et la normalité comme étant ce qu’on nous vend, sans plus s’interroger sur leur sens et ce que ça pourrait être pour chacun de nous.

   Si nous mettions en sourdine quelques bienheureux instants ces injonctions de vie assénées à coup de spots TV, magazines ou pauses café, probablement que ce qui nous rendrait le plus heureux serait bien différent de ce qu’on cherche à atteindre présentement. Pour les irréductibles sceptiques, version dramatique : seuls, perdus et affamés sur une île déserte, rescapés d’un atroce accident, il y a fort à parier que le bonheur ne soit alors plus d’avoir le smartphone dernier cri ou une voiture qu’on rêve d’aller faire ronronner sur les autoroutes allemandes.

   Parmi la foule d’artistes qui s’est frottée à cette interrogation suprêmement existentielle, j’ai beaucoup aimé le fruit des réflexions d’Archimède. C’est caricatural et sans fioritures, juste assez pour faire le lien entre le sérieux de la question et les aberrations de nombreuses réponses actuelles qu’on a tendance à lui apporter.

   Et puis dans le même genre, Tryo, dont je ne suis pas une inconditionnelle, m’a cette fois séduite avec son excellent Greenwashing. Et mention spéciale aux clips, qui mettent insolemment en scène le-beauf-qui-finalement-a-peut-être-tout-compris et « l’explosion » de la société de consommation.